Bâillonnés du coeur ?

Dominique PIERRE, diacre et médecin, nous partage quelques réflexions sur la situation que nous traversons et les restrictions qui limitent nos relations humaines. C’est un cri que je partage avec vous sur notre site rmouest.fr. La vie bénévole et la vie sociale quotidiennes ne sont pas accessoires mais essentielles ! Il n’y a pas que le financier qui doit exister...

Père Christian

"Nous vivons une époque moderne"

Nous sommes toujours, et pour une durée indéterminée, sous la pression du SARS-Cov-2, responsable de la COVID. Si celle-ci a bouleversé notre vie économique, elle a au moins autant bouleversé, notre vie sociale et spirituelle.

Un temps jugé inutile, le masque, en complément des gestes barrières, est devenu l’arme permettant de reprendre la vie économique, industrielle, commerciale, scolaire, estudiantine (beaucoup moins culturelle).

Et les services bénévoles ?

Les visites en EHPAD sont sévèrement encadrées, très limitées, voir quelques fois interdites.

Les visites aux prisonniers sont très limitées et contingentées.

Les visites des aumôneries sont réduites au minimum et même interdites dans certains établissements.

Nous avons vécu l’interdiction des rencontres des « sans domicile fixe » dans leur accueil de nuit.

Deux poids, deux mesures :
 Le poids de l’économique au sens très large, qu’il faut absolument faire vivre, et qui s’en plaindrait ?
 Le poids de l’action bénévole, discrète, au service des plus faibles, des plus malades, des plus vieux, des plus pauvres, action mise sous le boisseau, et qui s’en plaint ? Nous les chrétiens.

Nous chrétiens qui voyons ces drames étouffés, percevons ces cris silencieux et ces invisibles douleurs. Notre réponse ne peut être que ce souci croissant de la diaconie de l’Église, c’est à dire cette volonté de tous rester au service des plus petits malgré les obstacles en tous genres.

Des choses se font et elles sont à développer : visites amicales à domicile, Service Évangélique des Malades et partage de la communion à domicile avec ceux qui le souhaitent, participation aux travaux d’installation d’une douche à Saint Liboire pour mieux accueillir les sans logis, développement de repas partagés tel jour avec ceux qui restent seuls, en marge...

Toutes vos initiatives sont bienvenues pour ne pas devenir une communauté de bâillonnés du cœur, mais rester une Église RMOuest en tenue de service, service des petits, des oubliés, de tous ces invisibles aimés de Dieu qui, peut-être, servent un peu facilement de caution à l’action contre la pandémie. Les bénévoles sont capables de respecter les gestes barrière eux aussi, des gestes barrière anti virus et non des attitudes barrière anti humanité.

Dominique Pierre